Adopté le 23 février 2022, le règlement (UE) 2023/2854, dit Data Act, entre en application de façon progressive à compter du 12 septembre 2025. Ce texte marque un tournant dans la régulation européenne des données, en établissant un cadre juridique global dédié à l’accès, au partage et à l’utilisation des données industrielles.
Alors que le RGPD (règlement général sur la protection des données) a pour objet la protection des données personnelles, le Data Act vient compléter ce dispositif en s’intéressant aux données industrielles, à savoir celles générées par des objets connectés et leurs services connexes(c’est-à-dire aux données obtenues, générées, collectées ou stockées par ces produits ou services connexes ci-après « données IoT »).
L’objectif affiché par le législateur européen est double :
Les deux règlements peuvent trouver à s’appliquer concomitamment.
En effet, de nombreuses situations impliquent un mélange de ces deux types de données. Par exemple, un véhicule connecté génère des données de performance technique, telles que des données relatives au fonctionnement du moteur (non personnelles), mais aussi des données de localisation liées à l’utilisateur (personnelles). Dans ce cas, le partage de ces données IoT avec des tiers devra respecter à la fois le Data Act et le RGPD. Il est également possible que les deux règlements entrent en conflit sur des sujets spécifiques, auquel cas le RGPD prime sur le Data Act
De nombreux acteurs sont concernés par le Data Act. Ce dernier s’applique notamment aux entités et personnes suivantes :
Ces détendeurs de données sont notamment :
Ce champ large illustre l’ambition du règlement : instaurer un véritable marché unique de la donnée IoT en Europe.
Le règlement entre en application selon un mécanisme progressif prévu à l’Article 50 :
À partir du 12 septembre 2025 :
À compter du 12 septembre 2026 :
À partir du 12 septembre 2027 :
Le Data Act instaure des nouveaux droits pour les utilisateurs :
Par exemple : un utilisateur achète une machine à laver et installe une application qui lui permet de mesurer l'impact environnemental du cycle de lavage sur la base des données des différents capteurs à l'intérieur de la machine et ajuste le cycle en conséquence. Cette fonctionnalité serait considérée comme un service connexe. L’utilisateur pourra dès lors accéder aux données de ce service connexe.
Par exemple, un utilisateur d’un compteur intelligent d’électricité pourra accéder à l’historique de consommation énergétique et demander que ces données soient transmises à un fournisseur concurrent pour bénéficier d’une offre adaptée.
Ces droits ne doivent pas être confondus avec ceux prévus par le RGPD :
Les détendeurs de données, au nombre desquels notamment les fabricants d’objets connectés et fournisseurs de services connexes, devront donc mettre en place des interfaces techniques (API, plateformes sécurisées) permettant cet accès et ce partage de manière transparente, sans coûts excessifs ni barrières techniques.
Le respect de ces nouvelles obligations fera l’objet d’un contrôle étroit. L’Article 33 du Data Act prévoit que les autorités de contrôle désignées par chaque État membre – en France, probablement la CNIL et potentiellement d’autres autorités sectorielles – auront le pouvoir d’infliger des sanctions administratives.
Ces sanctions sont d’un niveau comparable à celles prévues par le RGPD : amendes pouvant s’élever jusqu’à 20 millions d’euros ou 4% du chiffre d’affaires mondial annuel de l’entreprise, le montant le plus élevé étant retenu (Article 40 du Data Act qui renvoie à l'Article 83 §5 du RGPD).
Les entreprises qui détiennent des données industrielles devront donc anticiper ce nouveau cadre dès 2025, en adaptant leur documentation contractuelle et leurs systèmes d’information, pour éviter un risque financier et réputationnel important.